[article complet dans Savoir(s), 05/11/2025]
Avec « Parlons santé », lumière sur la contraception masculine
La contraception, ce n’est pas réservé qu’aux femmes ! C’est en substance le message passé par Daria Gheorghe, médecin généraliste et enseignante, qui a ouvert la 3ème édition « Parlons santé », le 26 septembre dernier. Avec cette série de conférences, le Département de médecine générale (DMG) de la Faculté de médecine, maïeutique et sciences de la santé, va à la rencontre du grand public en territoire, pour mieux faire connaître les résultats de la recherche.
Préservatif, anneau, vasectomie…
Le dispositif le plus connu en termes de contraception masculine reste le préservatif. « Mais c’est loin d’être le seul », souligne Daria Gheorghe, médecin généraliste et cheffe de clinique au sein du DMG de la Faculté de médecine de Strasbourg (dont elle est diplômée).
« Anneau, gel, slip chauffant… D’autres solutions existent ou sont en cours de développement », énumère celle qui s’est spécialisée sur la question de la santé sexuelle, avec en plus une inscription en diplôme universitaire (DU) de gynécologie, cette année. « Mais ces méthodes restent encore peu connues et assez expérimentales. L’anneau ne bénéficie ainsi pas d’autorisation de mise sur le marché, de même que le slip chauffant. Même si, pour ce dernier, certains mettent à disposition des tutoriels DIY “low tech”, basés sur un protocole élaboré par le Centre hospitalo-universitaire (CHU) de Toulouse. »
Plus courante dans les pays anglo-saxons, en très légère progression en France ces dernières années, « la vasectomie est, elle, en revanche, remboursée par la Sécurité sociale ». Une méthode de stérilisation reconnue, qui consiste à couper et bloquer les canaux transportant les spermatozoïdes à partir des testicules, « et considérée comme irréversible. »
Il est aussi possible de faire congeler son sperme, « dans le cas d'un éventuel projet de grossesse à moyen/long terme ».
Intérêt croissant
Grâce à son déjà riche parcours, Daria Gheorghe est en mesure de noter « un intérêt croissant pour la question de la contraception masculine, tant chez les femmes que chez les hommes. Les études scientifiques se développent aussi ».
Diplômée en 2022, la jeune femme de 32 ans s’est aussi formée en sciences sociales à Sciences Po Strasbourg (parcours Santé, environnement et politique en master), en parallèle de son internat. « Pour mon mémoire, je me suis intéressée aux déterminants des choix de contraception chez les femmes au Maghreb ». Elle exerce aussi en consultation au Planning familial et à l’Office français de l'immigration et de l'intégration (Ofii).
En parallèle, les recommandations d’instances comme le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) évoluent, « avec par exemple l’élargissement de la pose de dispositifs intra-utérins-DIU, type stérilet, aux femmes plus jeunes et n’ayant pas eu d’enfants ».
Poser ses questions sans tabou
Un intérêt qui s’est confirmé parmi le public venu assister à sa conférence du 26 septembre dernier, à Strasbourg. Parmi les 70 participantes et participants, « beaucoup de jeunes », se félicite Daria Gheorghe.
« À quand la pilule contraceptive pour les hommes ? Que penser des méthodes naturelles, comme le retrait ? » La médecin, présente avec le Dr Yannick Schmitt, directeur du Service de santé étudiante (SSE), était présente pour répondre aux questions, la conférence étant prévue pour consacrer autant de temps aux échanges qu’à l’exposé des spécialistes invités. « Que l’on soit dans une conférence ou dans un cabinet, il n’existe en tous cas pas de question bête ! »
« La décision de la contraception doit être partagée, même si, in fine, le dernier mot doit revenir à la femme, car c’est son corps et donc son choix »
Une décision partagée
Fidèle à sa casquette d’enseignante au sein du DMG, Daria Gheorghe n’a pas manqué d’outiller les personnes présentes, en se référant par exemple à l’indice de Pearl, mesurant l’efficacité des différentes méthodes contraceptives.
Tout en rappelant qu’en tant que médecin, « mon rôle n’est pas d’influencer une personne ou un couple vers telle ou telle méthode. Plutôt de les informer sur les avantages, mais aussi les contre-indications de chaque méthode. »
Si la contraception « a longtemps reposé sur les femmes », elle se félicite que le tabou s’étiole progressivement autour de ces questions. Elle note aussi une prise en compte croissante au sein des couples hétérosexuels : « La décision doit être partagée, basée sur la confiance mutuelle. Même si, in fine, le dernier mot doit revenir à la femme, car c’est son corps et donc son choix. » Et de conclure : « Il n’existe pas une méthode contraceptive idéale. Chacun, chacune, doit choisir celle qui lui convient le mieux ! »